Lundi 13 juin 2011 à 1:08

 Ses yeux luisaient d'une étrange lueur bleutée.
Il avait du mal à s'en détacher. Les minutes s'écoulaient lentement, comme pour lui laisser le temps de mieux apprécier cet instant.
Il admirait chacun de ses traits. Il admirait son visage doux et réconfortant. Il admirait sa peau délicate et blanche, presque spectrale.
Il admirait son corps, ses mains, ses cheveux...
Il sourit.
Il jeta un oeil à sa montre et constata qu'il était temps. Il allait être en retard. Il la regarda une dernière fois et parti après avoir délicatement déposé un dernier baiser sur ses lèvres roses. Il eut un léger frisson au contact de sa peau. Un dernier sourire et il sortit.
Il marcha jusqu'à l'arrêt de bus qu'il prenait chaque jours pour aller travailler. Le bus arriva. Il s'assit, anonyme dans la foule. Les conversations ne l'atteignaient pas. Il sortit une petite image de son porte-feuille. Il la fixa longuement pendant tout le trajet, la caressant doucement par moment, souriant parfois comme si ce petit bout de papier lui eut rappeler quelque moment heureux.
Il la remis précieusement à sa place en voyant son arrêt. En descendant, il parvint à discerner quelques jeunes du coin de l'oeil. Ils le fixaient depuis qu'il était monté et se moquaient de lui. Si un observateur attentif avait pu croiser son regard, il y aurait vu un tourbillon de chose. Il y aurait vu de la colère, du mépris, mais aussi, au fond, caché, de la tristesse. Un observateur attentif aurait pu voir beaucoup de choses dans ce regard, dans la fraction de seconde qu'il dura. Mais il n'y avait pas le moindre observateur pour se soucier de ces yeux, et les railleries ne cessèrent pas.
Il sortit du bus et se mit à marcher. Ses pensées n'allait que vers une personne, une seule. Ses yeux bleus, lumineux le hantaient. Il avança ainsi, perdu dans ses pensées, bousculé par une foule pressée et aux yeux de laquelle il n'était rien.
Mais ça lui était égal. Instinctivement, il portait sa main à sa poche intérieure. Savoir que la petite image était là le rassurait.
Il sourit en y repensant. Un coup le tira de ses rêveries. il tomba à terre, sonné. La personne, sans doute pressée, ne pris même pas le temps de s'excuser et disparu rapidement dans la foule, comme si cette incident n'avait jamais eu lieu. Lui resta à terre un moment, désorienté. La foule s'écartait autour de lui sans que personne ne vint l'aider. Comme s'il n'existait pas. Il se releva, et se remis en route, encaissant les coups.
Au bureau, il lui sembla que le temps ne passait pas. Le monde autour de lui se déplaçait pourtant, tout bougeait mais le temps ...
Il fixait les aiguilles et les regardait suivre leur course. Tellement lentement...
Son imagination l'égara. Il revit ce visage. Ces cheveux... Cette peau...
Une voix le tira des ses pensées. Son patron était là, au-dessus de lui et lui criait quelque chose. Comme à son habitude.
Il se contenta de hocher la tête et se remit au travail. Il l'entendit vaguement marmonner quelque chose à propos de comportement douteux, mais il n'y prêta pas attention. Elle le regardait. Elle était là à le fixer, et il lui sourit. Elle souriait aussi, de ce sourire radieux qu'il appréciait tant. Il plongea ses yeux dans les siens et le reste du monde disparut. Il n'y avait plus qu'elle et lui. Comme avant. Il pouvait sentir sa peau. Il pouvait sentir son parfum.
Sa montre sonna et, en ouvrant les yeux, il vit que c'était l'heure. Enfin. Il ramassa la photo sur son bureau et la glissa avec précaution dans son portefeuille. 
Il prit ses affaire et pris le chemin du retour.
Lorsqu'il arriva, il n'eut qu'une envie : la voir, lui parler.
Il descendit les marches et vint s'assoir. Il lui raconta sa journée, comme toujours. Elle l'écouta sans mot dire. Lorsqu'il eut fini, il ne pu s'empêcher de la regarder. Il resta là de longues minutes. Le froid commença à se faire sentir. Il déposa un baiser sur son front, passa une main sur ses cheveux gelés puis sortit. Il pris soin de refermer la porte, afin que le froid ne s'échappe pas. Il remonta alors les marches, lentement, comme de peur de la réveiller.
Il s'assit devant la télé et l'alluma.
Les informations. Un reportage sur une jeune personne disparut. Une photo apparut à l'écran, et il sourit. Elle le regardait encore.
Pourtant, son sourire s'estompa. La photo ne lui plaisait pas. Mais ce n'était pas grave, il avait mieux qu'une photo. Il l'avait elle, juste là, dans la chambre froide. Et elle était à lui. Pour l'éternité.

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