Vendredi 3 juin 2011 à 18:58

 Ils construisent autour de chez moi.
En fait, j'habite dans un coin résidentiel, qui vient tout juste d'être construit. Et y a des maisons qui sont en train d'être terminées.
Tout à l'heure, j'ai pris conscience que d'ici quelques temps, ce coin sera plus animé. Qu'il y aura des gens. Des familles.
Et j'me suis mis à rêver. Parce qu'en face de la fenêtre de ma chambre, y a une maison. De chez moi, je vois le balcon et les fenêtres sur le côté. 6 fenêtres au total.
Et bientôt, quelqu'un sera derrière ces fenêtres. Alors j'ai imaginé.
Ce serait une famille de trois personnes. Je ne les remarquerai pas tout de suite, car je regarde assez peu par là.
Sauf qu'un jour, je regarderai. Et je verrai quelqu'un derrière une des fenêtres. Une fille. Une jeune fille, plus ou moins mon âge. Le reflet m'empêcherai de bien la voir, mais elle me verrais bien. Elle serait timide, et en me remarquant, elle irait se cacher.
Il m'en faudrait pas plus pour m'intriguer, mais je n'y prêterai pas beaucoup plus d'attention sur le coup.
Et puis le soir, je la reverrais. Mais sans les reflets, je pourrais mieux voir à quoi elle ressemblerait. Elle serait rousse. Elle porterait un corset d'une couleur sombre, avec une jupe de la même couleur. Et des chaussettes rayées noir et blanc qui monterait jusqu'aux cuisses. Cette fois, on se fixerait.
On se fixerait, là, sans bouger, comme deux animaux habitués à la solitude qui découvriraient que quelqu'un d'autre habite les lieux.
J'entendrai un bruit derrière moi. Mon chaton encore en train de jouer. Mais le temps de me retourner vers ces fenêtres, et elle ne serait plus là.
Ce petit jeu durerait quelques jours. On s'apercevrait un court instant, chaque jour, matin et soir. Parfois, on échangerait un sourire, mais jamais nous n'oserions ouvrir la barrière transparente qui nous séparerait.
Et un week end, je sortirai, et elle serait là, sur le balcon, à lire. Elle lèverait la tête et me verrai. Je sourirai bêtement et oserait un "bonjour". Elle répondrait par un timide "bonjour" et un sourire rougissant. Je partirai, joyeux.
Le soir, en rentrant, je la trouverai encore à la fenêtre. Cette fois, elle me ferait un petit signe, auquel je répondrai. Puis elle sourirait, et disparaitrait.
Le lendemain, alors que j'irais faire ma promenade quotidienne, elle apparaitrait sur son balcon. Elle m'expliquerait en bredouillant qu'elle venait d'arriver, qu'elle ne connaissait pas la ville et qu'elle aimerait bien que quelqu'un lui fasse visiter.
Je serai pris au dépourvu, mais accepterai avec une profonde joie.
On irait marcher, et je lui montrerai cette petite ville. Puis on s'arrêterait et on parlerait. Elle me raconterait que ses parents et elle venaient tout juste d'arriver dans la région. Je lui demanderai si ses amis ne lui manquaient pas, mais elle répondrait que ses seuls vrais amis avaient une vie confortable dans sa bibliothèque.

Je crois que c'est à ce moment là que j'ai arrêté d'imaginer. C'était juste un fantasme.
Les gens qui habiteront ces lotissements seront probablement des idiots, comme les autres.
Je me demande comment je peux continuer à imaginer ce genre de conneries.

Par serpe-hier le Dimanche 5 juin 2011 à 20:30
tu imagines ce genre de conneries parce qu'au fond de ton désabusement, de ta tristesse et ta colère, t'as un poil d'espoir... (même si tu soutiendras probablement le contraire ^^)
Par yoggsothoth le Dimanche 5 juin 2011 à 21:05
Boarf, nan, j'vais pas l'nier.
C'est vrai que je crois qu'au fond de moi, j'ai un peu d'espoir.
S'toujours été mon point faible : l'espoir...
Par serpe-hier le Lundi 6 juin 2011 à 12:07
le fait que ce soit un point faible est un point de vue...
c'est aussi ce qui fait que tu as envie que ça change, que ça évolue vers autre chose... si t'avais pas d'espoir, tu chercherais pas à partir, et ça serait ta perte (d'après ce que je lis).
avoir de l'espoir, à mon sens, c'est être prêt à ne pas se laisser faire. essayer de s'extirper de ce qui fait qu'on va mal. J'sais pas. Peut-être que je fais partie de ceux qui comprennent pas... :)
Par yoggsothoth le Lundi 6 juin 2011 à 12:28
L'espoir est quelque chose d'assez complexe en fait.
Ca m'a permis de tenir pendant un temps, c'est vrai. Ca me donnait envie de changer les choses, en effet.
Pourtant aujourd'hui, c'est plus le cas. Le seul espoir qui s'accroche, c'est celui de trouver quelqu'un.
Le reste, ce qui me tiens en vie, c'est juste la combattivité.
Et si il me reste quelqu'autre espoir, c'est probablement celui que quelqu'un ou quelque chose vienne abréger un tant soit peu mes tourments.
Mais j'sais plus vraiment en fait.
 

Ajouter un commentaire

Note : hell.awaits n'accepte que les commentaires des personnes possédant un compte sur Cowblog : vous devez obligatoirement être identifié pour poster un commentaire.









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://hell.awaits.cowblog.fr/trackback/3112944

 

<< Page précédente | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | Page suivante >>

Créer un podcast