Mais je sais pas, j'arrive pas.
Enfin, sortir, ça va, je me débrouille pas trop mal. Mais j'arrive à rien d'autre. J'arrive pas à aller vers les autres. Je rencontre personne de nouveau, donc déjà ça part mal, mais au-delà de ça, je serai pas capable d'aller vers quelqu'un.
Pour établir une relation entre des gens, il faut un échange non? Ben je me suis rendu compte que je suis devenu incapable de partager quoique ce soit.
J'avais l'habitude de partager beaucoup de choses avec les gens à une époque. Faire découvrir des livres, des musiques, des films, des artistes, etc...
Je le faisais parce que je tenais à ces personnes, et que l'affection que je leur portais me permettait de vouloir leur offrir quelque chose, une partie de moi, de partager avec eux. C'était quelque chose de particulier venant de moi car j'ai toujours été très égoiste. Mes parents arretaient pas de me dire de partager, et moi j'ai toujours voulu pouvoir garder quelque chose pour moi, moi tout seul, posséder.
Mais avec certaines personnes je devenais capable de donner, d'offrir de ma personne.
Et maintenant, je me suis rendu compte que non. Je n'ai plus envie de partager. Parce que chaque personne avec qui j'ai partagé quelque chose est partie avec et m'a laissé. En emportant une partie de moi. Je m'en suis senti déposséder, comme si l'on m'avait voler des affaires que je gardais précieusement.
Alors maintenant, j'arrive plus à établir un lien avec l'éxterieur. J'ai un peu l'impression de tomber parfois. Tomber à l'intérieur. Loin de la sortie, loin du monde, loin des gens.
J'ai atteint un niveau de délire solitaire assez perturbant. Le genre qui vous donne le droit de porter une belle camisole lorsqu'il s'aggrave. Mais je le fais pas exprès. Tout ces évènements ont attaqué ma raison faut croire. C'est amusant. Je deviens créatif, limite hyper actif, j'ai des poussée d'énergie, j'éclate de rire tout seul,... mais en même temps je perds pieds, je perds contact avec la réalité.
Et puis, c'est la fin de l'année pour moi. Demain sera mon dernier jour de cours. à 11h, je sortirai libre. Je ne sais pas si je passerai en deuxième année, donc il y a de fortes chances que l'année prochaine je me retrouve sans rien à faire. C'est pas bon. Ca va provoquer des moments peu agréables à la "maison" d'où je me sens déjà relativement rejeter. Mais ça ne me rends pas triste. Je ne ressens pas vraiment quoique ce soit en fait.Je laisse faire. Je laisse se dérouler. Et j'attends. Je regarde où ça mène, et je subis. J'ai pas envie de me battre, ça sert à rien. Et ces derniers mois m'ont prouvé à quel point se battre pouvait être inutile parfois.
Si, j'éprouve une pointe de regret. Surtout lorsque, dans un moment d'égarement je décide de sortir m'aérer et que je croise tout ces couples qui ont l'air heureux. Alors je me demande à quoi aurait pu ressembler ma vie si j'avais pas fait l'erreur de sortir avec Elle. Si j'avais rencontrer quelqu'un de bien. Quelqu'un qui aurait pu m'aider.
Serait-je devenu quelqu'un de meilleur? Serais-je dans le même état? Est-ce que j'aurais raté mon année, et probablement le reste de ma vie?
Je ne sais pas. Je ne crois pas que les choses auraient pu se passer différemment. Je ne crois pas qu'elles auraient du se passer autrement. Car tout ça m'a permis d'ouvrir les yeux sur l'état du monde. J'ai pu réaliser que ce que je savais sur la décadence du monde était faux. Les choses vont plus mal que ce que je croyais. Bien plus mal. Et maintenant, ça va mal pour moi aussi.
Je continue à me répéter que ça ne sert plus à rien de chercher quelqu'un, et j'ai de moins en moins de mal à y croire. J'assimile cette idée, petit à petit... Comme une balle qui suivrait lentement son chemin à travers mon crâne pour venir se loger dans mon cerveau, bien au chaud.
Une idée simple, qui aurait le même impact qu'une balle.