Dimanche 19 juin 2011 à 19:13

 Noir. Il fait noir. Aucune lumière, nulle part.
Pas la moindre étincelle ne vient éclairer les ténèbres étouffantes.
Pas un son ne perce le rideau d'ombres.
Un silence oppressant, surnaturelle.
Je suis là, sans la moindre lumière à l'horizon pour me guider.
Aucune idée de là où je suis, ni de où je vais.
Je suis là, dans ce linceul ténébreux.

Soudain, tout s'illumine.
Un flash à l'horizon apparait, comme le soleil au petit matin,
mais un million de fois plus puissant, plus lumineux.
La lumière s'écoule, irrésistible, plus rapide que le temps lui-même.
Elle envahit le monde sans obstacle, sans pitié.
Je sens mes yeux bruler à son contact.
Pourtant je ne peux me détourner de ce spectacle.
La lumière, incandescente, pure, s'élève dans le ciel nocturne.
Telle une étoile naissante qui prends sa place dans l'espace infini.
Je contemple cette boule de feu s'élever, une trainée de feu dans le ciel qu'elle parcourt sans difficulté.

Mais la voilà qui cesse son ascension subitement.
Au milieu du ciel, elle s'étend, embrase.
La lumière pure, céleste, presque divine, vire à l'orange.
La nature, le monde, le temps, tout s'est arrêté pour l'admirer,
plus rien ne bouge, comme figé par magie.
Je me sens soudain très léger, comme si le poids de mon existence toute entière venait de disparaitre,
consumé par tant de clarté.
Je me sens lentement happé par les airs,
le sol s'éloigne de mes pieds.
La lumière et la douleur ont raison de mes yeux.
Je les ferme mais elle est toujours là.
J'ai un soleil imprimé sur la rétine.

Là, flottant dans les airs à quelques centimètres (peut-être mètres) du sol,
Je vois encore cette boule de lumière ardente.
Je sens que le monde se remet en mouvement.
Un mouvement étrange.
Je sens sa chaleur.
Je sens la lumière me réchauffer rapidement
comme un feu purificateur.
Un vent rageur souffle dans ma direction,
amenant avec lui une température incroyable,
comme si l'air s'était embrasé.
Et l'air s'était embrasé.

Je le sentis bruler.
Me vêtements deviennent poussière à son contact.
Je sens mes cheveux bruler sur ma tête.
La lumière divine est devenue enfer.
Elle consume et purifie le monde,
la puissante d'une étoile déchainée.

Je rouvre les yeux à grand peine,
pour admirer ce spectacle apocalyptique.
Au même moment, une nouvelle vague de chaleur m'atteint,
celle-là plus brûlante encore que la précédente.
Mes yeux ne résistent pas et éclatent, me laissant une vision d'horreur.
Le ciel est rouge comme le sang et emplit des résidus de ce qui se trouvait auparavant autour de moi.
Un épais nuage de poussière s'est formé autour du pilier de lumières qui, désormais, dévore le monde.
Un pilier de lumière ardente, du sol jusqu'au ciel, comme une immense porte de laquelle les flammes de l'enfer se déversent sur notre misérable monde.
Je peux sentir ma peau brûler, rôtir, puis se changer en poussière, morceaux par morceaux,
laissant ma chair à nue, vulnérable à la prochaine attaque qui survient immédiatement après.
La poussière se colle à mes muscles mis à nus, puis la chaleur les désintègre.
La douleur n'a pas le temps de m'atteindre, car les flammes vont vite et,
en quelques secondes, ce que la nature à pris des années à créer est réduit à néant.

En moins d'une minute, le nuage se dissipe.
Le pilier de flammes infernales s'évapore et disparait dans le ciel,
sa tâche maintenant accomplie.
Autour, plus rien n'a survécu pour raconter ce qu'il s'est passé.
Sable et poussière, à perte de vue.
Plantes, animaux, hommes.
Tout à subit le même destin : une annihilation, pure et simple.
Aucune trace, si ce n'est l'absence de traces elle-même.
Pas un crime. Pas un génocide.
Simplement la fin.

Dans un éclair de lumière, des milliers de vies ont pris fin,
d'un coup, d'un seul.

Lundi 13 juin 2011 à 1:08

 Ses yeux luisaient d'une étrange lueur bleutée.
Il avait du mal à s'en détacher. Les minutes s'écoulaient lentement, comme pour lui laisser le temps de mieux apprécier cet instant.
Il admirait chacun de ses traits. Il admirait son visage doux et réconfortant. Il admirait sa peau délicate et blanche, presque spectrale.
Il admirait son corps, ses mains, ses cheveux...
Il sourit.
Il jeta un oeil à sa montre et constata qu'il était temps. Il allait être en retard. Il la regarda une dernière fois et parti après avoir délicatement déposé un dernier baiser sur ses lèvres roses. Il eut un léger frisson au contact de sa peau. Un dernier sourire et il sortit.
Il marcha jusqu'à l'arrêt de bus qu'il prenait chaque jours pour aller travailler. Le bus arriva. Il s'assit, anonyme dans la foule. Les conversations ne l'atteignaient pas. Il sortit une petite image de son porte-feuille. Il la fixa longuement pendant tout le trajet, la caressant doucement par moment, souriant parfois comme si ce petit bout de papier lui eut rappeler quelque moment heureux.
Il la remis précieusement à sa place en voyant son arrêt. En descendant, il parvint à discerner quelques jeunes du coin de l'oeil. Ils le fixaient depuis qu'il était monté et se moquaient de lui. Si un observateur attentif avait pu croiser son regard, il y aurait vu un tourbillon de chose. Il y aurait vu de la colère, du mépris, mais aussi, au fond, caché, de la tristesse. Un observateur attentif aurait pu voir beaucoup de choses dans ce regard, dans la fraction de seconde qu'il dura. Mais il n'y avait pas le moindre observateur pour se soucier de ces yeux, et les railleries ne cessèrent pas.
Il sortit du bus et se mit à marcher. Ses pensées n'allait que vers une personne, une seule. Ses yeux bleus, lumineux le hantaient. Il avança ainsi, perdu dans ses pensées, bousculé par une foule pressée et aux yeux de laquelle il n'était rien.
Mais ça lui était égal. Instinctivement, il portait sa main à sa poche intérieure. Savoir que la petite image était là le rassurait.
Il sourit en y repensant. Un coup le tira de ses rêveries. il tomba à terre, sonné. La personne, sans doute pressée, ne pris même pas le temps de s'excuser et disparu rapidement dans la foule, comme si cette incident n'avait jamais eu lieu. Lui resta à terre un moment, désorienté. La foule s'écartait autour de lui sans que personne ne vint l'aider. Comme s'il n'existait pas. Il se releva, et se remis en route, encaissant les coups.
Au bureau, il lui sembla que le temps ne passait pas. Le monde autour de lui se déplaçait pourtant, tout bougeait mais le temps ...
Il fixait les aiguilles et les regardait suivre leur course. Tellement lentement...
Son imagination l'égara. Il revit ce visage. Ces cheveux... Cette peau...
Une voix le tira des ses pensées. Son patron était là, au-dessus de lui et lui criait quelque chose. Comme à son habitude.
Il se contenta de hocher la tête et se remit au travail. Il l'entendit vaguement marmonner quelque chose à propos de comportement douteux, mais il n'y prêta pas attention. Elle le regardait. Elle était là à le fixer, et il lui sourit. Elle souriait aussi, de ce sourire radieux qu'il appréciait tant. Il plongea ses yeux dans les siens et le reste du monde disparut. Il n'y avait plus qu'elle et lui. Comme avant. Il pouvait sentir sa peau. Il pouvait sentir son parfum.
Sa montre sonna et, en ouvrant les yeux, il vit que c'était l'heure. Enfin. Il ramassa la photo sur son bureau et la glissa avec précaution dans son portefeuille. 
Il prit ses affaire et pris le chemin du retour.
Lorsqu'il arriva, il n'eut qu'une envie : la voir, lui parler.
Il descendit les marches et vint s'assoir. Il lui raconta sa journée, comme toujours. Elle l'écouta sans mot dire. Lorsqu'il eut fini, il ne pu s'empêcher de la regarder. Il resta là de longues minutes. Le froid commença à se faire sentir. Il déposa un baiser sur son front, passa une main sur ses cheveux gelés puis sortit. Il pris soin de refermer la porte, afin que le froid ne s'échappe pas. Il remonta alors les marches, lentement, comme de peur de la réveiller.
Il s'assit devant la télé et l'alluma.
Les informations. Un reportage sur une jeune personne disparut. Une photo apparut à l'écran, et il sourit. Elle le regardait encore.
Pourtant, son sourire s'estompa. La photo ne lui plaisait pas. Mais ce n'était pas grave, il avait mieux qu'une photo. Il l'avait elle, juste là, dans la chambre froide. Et elle était à lui. Pour l'éternité.

Samedi 11 juin 2011 à 14:46

 Je me rappelle de nos moments ensemble.
Même si ton physique était spécial,
ta douceur ma tout de suite charmé.
Ton contact doux et apaisant sur ma peau...
On a partagé tellement de choses.
Tu m'as vu comme jamais personne ne m'a vu.
Tu m'as connu comme personne ne me connaitra plus.
Je t'ai offert mon intimité et, même si tu en a pris beaucoup de soin,
Je crois qu'on arrive au bout du rouleau.
On a passé des moments très intenses, c'est vrai, mais j'ai toujours su que ça finirait un jour.
J'ai vu venir ce moment depuis le début.
La fin se rapprochait chaque fois un peu plus...
Le moment où il faudrait se séparer.
Quand le besoin s'en fera sentir, je te jetterai.
Je te jetterai comme je l'ai fait avec les autres

Parce qu'au fond, t'es qu'un putain de rouleau d'papier toilette.
 

Vendredi 3 juin 2011 à 18:58

 Ils construisent autour de chez moi.
En fait, j'habite dans un coin résidentiel, qui vient tout juste d'être construit. Et y a des maisons qui sont en train d'être terminées.
Tout à l'heure, j'ai pris conscience que d'ici quelques temps, ce coin sera plus animé. Qu'il y aura des gens. Des familles.
Et j'me suis mis à rêver. Parce qu'en face de la fenêtre de ma chambre, y a une maison. De chez moi, je vois le balcon et les fenêtres sur le côté. 6 fenêtres au total.
Et bientôt, quelqu'un sera derrière ces fenêtres. Alors j'ai imaginé.
Ce serait une famille de trois personnes. Je ne les remarquerai pas tout de suite, car je regarde assez peu par là.
Sauf qu'un jour, je regarderai. Et je verrai quelqu'un derrière une des fenêtres. Une fille. Une jeune fille, plus ou moins mon âge. Le reflet m'empêcherai de bien la voir, mais elle me verrais bien. Elle serait timide, et en me remarquant, elle irait se cacher.
Il m'en faudrait pas plus pour m'intriguer, mais je n'y prêterai pas beaucoup plus d'attention sur le coup.
Et puis le soir, je la reverrais. Mais sans les reflets, je pourrais mieux voir à quoi elle ressemblerait. Elle serait rousse. Elle porterait un corset d'une couleur sombre, avec une jupe de la même couleur. Et des chaussettes rayées noir et blanc qui monterait jusqu'aux cuisses. Cette fois, on se fixerait.
On se fixerait, là, sans bouger, comme deux animaux habitués à la solitude qui découvriraient que quelqu'un d'autre habite les lieux.
J'entendrai un bruit derrière moi. Mon chaton encore en train de jouer. Mais le temps de me retourner vers ces fenêtres, et elle ne serait plus là.
Ce petit jeu durerait quelques jours. On s'apercevrait un court instant, chaque jour, matin et soir. Parfois, on échangerait un sourire, mais jamais nous n'oserions ouvrir la barrière transparente qui nous séparerait.
Et un week end, je sortirai, et elle serait là, sur le balcon, à lire. Elle lèverait la tête et me verrai. Je sourirai bêtement et oserait un "bonjour". Elle répondrait par un timide "bonjour" et un sourire rougissant. Je partirai, joyeux.
Le soir, en rentrant, je la trouverai encore à la fenêtre. Cette fois, elle me ferait un petit signe, auquel je répondrai. Puis elle sourirait, et disparaitrait.
Le lendemain, alors que j'irais faire ma promenade quotidienne, elle apparaitrait sur son balcon. Elle m'expliquerait en bredouillant qu'elle venait d'arriver, qu'elle ne connaissait pas la ville et qu'elle aimerait bien que quelqu'un lui fasse visiter.
Je serai pris au dépourvu, mais accepterai avec une profonde joie.
On irait marcher, et je lui montrerai cette petite ville. Puis on s'arrêterait et on parlerait. Elle me raconterait que ses parents et elle venaient tout juste d'arriver dans la région. Je lui demanderai si ses amis ne lui manquaient pas, mais elle répondrait que ses seuls vrais amis avaient une vie confortable dans sa bibliothèque.

Je crois que c'est à ce moment là que j'ai arrêté d'imaginer. C'était juste un fantasme.
Les gens qui habiteront ces lotissements seront probablement des idiots, comme les autres.
Je me demande comment je peux continuer à imaginer ce genre de conneries.

Lundi 9 mai 2011 à 23:44

 Parce qu'ici, je peux faire ce que je ne peux pas faire dans la vie.
Je peux effacer et recommencer.
Je peux changer les choses.
Ici.
Je pourrais les rendre meilleures.
Meilleures.

Non, les choses ne seront pas meilleures. Pas pour moi. Et elles ne le seront pas ici non plus, car c'est mon oeuvre.
Et j'ai compris que je ne suis pas suffisamment bon pour créer quelque chose de bien.
Je vais juste écrire. Peu importe la réalité. Ce sera juste le reflet de ce que j'imagine qu'il se passe.
Le reflet d'une image déformée.

Qui je suis?

Je suis beaucoup de gens. Beaucoup de choses.
Ca dépends de la personne à qui vous le demandez.

Les gens qui ne me connaissent pas vous diront que je suis un mec bizarre. Une espèce de pseudo gothique un peu étrange. Un suicidaire peut-être. Un rêveur, un glandeur.
Certains vous diront que j'ai l'air perdu, ou méchant.
Beaucoup vous diront que je fais peur. S'ils l'admettent.
"Bizarre" reviendra le plus souvent j'imagine.

Si vous demandez à quelqu'un qui me connait, vous aurez des réponses tout aussi variées.
Aucun de mes amis ne me connait entièrement. De toutes façons, la plupart de mes amis sont dans ma tête. Mais même eux ne me connaissent pas.
Ceux qui ont le moins l'air d'être dans ma tête (mais peut-être y sont-ils aussi?) vous diront que je suis un mec froid, méchant, sadique, torturé.
D'autres vous diront que je suis juste un animal blessé. Un être solitaire qui a souffert et qui se cache pour mourir. Certains me voient comme quelqu'un de bien, un exemple. D'autres comme un mec fiable, sur qui on peut compter. D'autres encore me voient comme un mec dérangé, torturé par des fantômes que personne ne voit, ne comprends.
Ceux qui me parlent suffisamment vous diront même que j'ai une vision étrange du monde.

Ce que je dis de tout ça?
Rien.
Je ne sas pas ce que je suis. Je ne le sais plus. Peut-être un peu tout ça. Et d'autres trucs aussi.
Peut-être pas.

Je crois que je ne suis qu'une accumulation de cicatrices, aussi bien physiques que morales. Certaines guéries, d'autres à jamais ouvertes.
Je suis la somme des toutes ces choses qui ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui.
Je suis un héros, combattant les misères du monde, aidant les faibles et les opprimés.
Je suis un monstre impitoyable, riant du malheur le plus odieux.
Je suis une brute écervelée, frappant à tout va.
Je suis un intellectuel, paisible lecteur, observateur pacifique d'un monde que je regrette de connaitre.
Je suis un utopiste, éternel rêveur, déçu de la réalité.
Je suis un animal sauvage et indompté.
Je suis un homme, civilisé et cultivé.

Mais peu importe qui je suis, non?
Car qui peut réellement dire avec certitude qui je suis, ou ce que je suis?

Ce que je sais, c'est que je suis seul.
Je sais que j'ai beaucoup de colère en moi, et que ça a failli me couter la vie, en plus de certaines marques.
Je sais que sous cette haine, j'ai de la tristesse quelque part.

Ou peut-être ai-je imaginé tout cela...

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